Une plateforme pour être soi

Duc Ha Duong
5 min readDec 20, 2022

7ème épisode d’une série hebdomadaire qui documente une réflexion partagée sur quel bon usage faire d’un réseau social. Il n’est pas trop tard pour rattraper les 6 premiers : Mais pourquoi montrer mes posts à des trolls et des haters ? / Comment trouver des personnes de bon conseil ? / Faut-il endiguer l’effondrement du mur pro/perso ? / Avons-nous besoin des influenceurs ? / Pourquoi Facebook et LinkedIn sont irrécupérables ? / La complainte du connecteur

Pour construire un bateau, ne rassemble donc pas
Des voiles et des cordes, des outils et du bois
Cultive donc plutôt dans les coeurs qui t’entourent
De la mer grande et belle, le plus sincère amour

Voilà. Ca c’est le quatrain pour prouver que je ne suis pas un robot. J’aurais bien continué tout en vers comme la semaine dernière, mais ce fut un fiasco total : gros gros focus sur la forme, quelques compliments, et au final personne n’a regardé le fond, ça n’a pas beaucoup fait avancer la discussion...

Alors je reprends la prose.

Cette semaine j‘ai jeté un oeil sur le nouveau media social Post.news. Fondé par un ancien CEO de Waze. Ils ont l‘air de bien connaître leur affaire. Ils partent du principe que la timeline reste le meilleur moyen de s’informer. Qu’on y trouvera des articles des grands medias et des articles d’individus (pas de limite de longueur sur les posts). Et qu’on ne paiera pas ses articles à l’abonnement forfaitaire pour tel ou tel journal, mais à la pièce, au pourboire (un clic = 1 centime). Commentaires modérés par OpenWeb. A l’instar de ce que je l’évoquais dans mon billet du 21 novembre sur le mur prop/perso pour Facebook, Post propose déjà une timeline “Explore”, où Post me pousse son contenu, et une deuxième timeline “Following” sur laquelle j’ai un contrôle éditorial plus explicite. J’y ai posté mon article de la semaine dernière en anglais, pour voir.

Je me réjouis de voir des initiatives qui tentent de réinventer le média social. Parce que moi je n’ai pas du tout l’envie de m’y frotter !

Comme on l’a vu précédemment, le problème qui me hante n’est pas d’améliorer la manière dont les gens s’informent, avec la ribambelle de défis qui s’y posent (bulles, fakes news, gratuité, polarisation, bots …). J’ai investi dans Flint, la startup de Benoît Raphaël, pour qu’il s’en occupe et il le fait très bien. Merci Benoit.

Hop une pause publicitaire.

Ce qui me hante, c’est d’améliorer la manière dont les gens peuvent passer à l’acte grâce au pouvoir de la foule. J’ai eu la chance d’apprendre de l’entrepreneur mexicain Juan Jose Dias Enriques qui s’est déjà attaqué à cette aventure au travers de son projet Wizdem, et il a été très clair : “Je te préviens dès qu’ils vont entendre “réseau social”, les gens du monde entier vont absolument vouloir te mettre dans la case “media social” et te parler des problèmes de Facebook … ”

Et ça n’a pas loupé je vous l’avoue. Alors, dans le but de maintenir le cadre, j’ai essayé de parler de “mettre les algorithmes de recommandation au service du bien commun”. Succès mitigé car c’est encore un peu alambiqué comme formule, plutôt réservé à des intellos comme Cristian Santibanez qui ont déjà réfléchi au sujet (ok j’avoue la version que je lui ai pitchée faisait 4 phrases du même acabit…). Je pense maintenant passer à quelque chose qui laisse sous le capot le problème hautement technologique du matching pour mettre en lumière le cas d’usage et le bénéfice de l’utilisateur, comme:

  • Une to-do list augmentée par la foule,
  • Un gestionnaire de projets personnels en intelligence collective
  • Une plateforme de coopération ouverte

Une plateforme de coopération ouverte ? Partant de cette perspective, on pense bien entendu immédiatement à jogl.io, la plateforme de science citoyenne 😋 ! Je me suis créé un compte, et son cofondateur Thomas Landrain m’a gentiment consacré le temps qu’il fallait pour me plonger dedans. Au bout d’une heure j’ai fini par comprendre que jogl sert à faire avancer l’humanité en mettant des individus au service de projets, alors que notre plateforme sert à faire avancer les individus en mettant leur entourage au service de leurs objectifs personnels. Les deux se rejoignent dans le cas où mon objectif personnel fait partie d’un projet plus grand que moi, comme mettre au point un respirateur artificiel à moins de 5€, mais je peux aussi avoir des quêtes plus personnelles comme perdre du poids ou écrire un livre. En fait les plateformes se complètent assez bien, jogl pour toute la superstructure (appel à projets, communautés, espaces, projets…) et la nôtre pour toute la gestion individuelle (moi, mes quêtes, mon entourage, mes liens, mon environnement.)

Attention cependant, quand j’évoque la gestion personnelle, il ne s’agit pas d‘un outil de productivité personnelle, mais bien d’identité au sens élargi.

Quand on pense identité, on imagine spontanément à ce qu’il figure sur une carte d’identité ou un passeport : nom, prénom, photo, date de naissance, peut-être mon adresse ou ma signature. Nous avons pourtant tous bien conscience qu’une identité est plus riche et complexe que quelques faits et traits physiques.

On peut utiliser par exemple les 4 quadrants de Ken Wilber, qui propose de classifier les différentes composantes d’une même réalité (dans ce cas : moi) selon 4 dimensions :

Finalement, si oui notre plateforme permet à ses utilisateurs de communiquer entre eux, son essence est d’utiliser ces interactions comme une manière pour chacun de se réaliser, d’être soi, identité sociale incluse. Et nous laissons à d’autres plateformes, plus centrées sur les projets, le soin de faire advenir l’action collective.

Que pensez-vous de cette perspective ? Ca résonne ?

Bon, en tout cas, j’ai pas mal écrit, je sens qu’il est temps de passer à l’étape suivante, d’aller vers des cercles plus restreints et plus engagés. Afin d’intensifier la réflexion et identifier cette prochaine étape, je me suis inscrit au Forum ouvert de Art of Hosting le mois prochain, sur Paris 06. Durant toute la journée du 4 janvier, j’espère trouver un cercle de personnes prêtes à explorer ce sujet collectivement.

Est-ce que vous voulez venir ? Je vous invite !

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Duc Ha Duong

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.