Quel est ce tiers-espace où vivent les tiers-lieux ?

Duc Ha Duong
4 min readJan 10, 2023

Après un hors-série rétrospectif et une pause du nouvel an, 8ème épisode d’une série hebdomadaire qui documente une réflexion partagée sur la réappropriation de notre identité sociale pour la mettre au service de nos projets. Il n’est pas trop tard pour rattraper les 7 premiers : Mais pourquoi montrer mes posts à des trolls et des haters ? / Comment trouver des personnes de bon conseil ? / Faut-il endiguer l’effondrement du mur pro/perso ? / Avons-nous besoin des influenceurs ? / Pourquoi Facebook et LinkedIn sont irrécupérables ? / La complainte du connecteur / Une plateforme pour être soi

Nous avons tendance à simplifier notre perspective sur le monde en deux espaces : l’espace personnel, où nous sommes au maximum de notre liberté, et nous pouvons consommer à loisir, et l’espace professionnel, où nous sommes aliénés à un travail durant lequel, si l’on omet les bullshit jobs, on est productif des biens et services qui nous permettent de manger tous les jours.

Nous savons bien au fond que c’est un peu plus compliqué que cela. Il nous arrive bien souvent de produire de la valeur au cours de nos vies personnelles. Au travers d’activités associatives par exemples, ou en poursuivant nos passions. Les artistes, les entrepreneurs, les indépendants, ont souvent bien du mal à faire cette polarisation de leur vie. Et il y a même des salariés qui s’épanouissent et se réalisent durant leur journée au travail !

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Le tiers-lieu vient bousculer cette perspective encore un peu plus, en offrant des espaces de production non aliénés. On y vient librement fabriquer des choses. On y vient faire les premiers petits pas de projets plus grands que nous, avec l’espoir de rencontrer des personnes qui nous rejoindront, qui viendront nous apporter du temps, des compétences complémentaires, des regards bienveillants qui nous connecterons à d’autres personnes encore, afin que le projet rencontre un écosystème où il pourra s’épanouir, voire même s’affranchir de son créateur.

“tiers” de tiers-lieu fait référence à cette troisième vie, qui intègre le caractère productif de la vie pro et le caractère libre de la vie perso.

Certains tiers-lieux se dotent d’un espace numérique où les usagers peuvent se retrouver et poursuivre leurs conversations. Forum de discussion, espace de partage de connaissance, ces extensions sont des espaces numériques bienveillants où l’entraide est la norme, où il est bienvenu de ne pas savoir, de se montrer incertain, vulnérable. Attachés à leur pendant dans le monde réel, qui restreint la participation légitime à ceux qui ont pu occuper l’espace physique, ces îlots de solidarité numérique sont privés de la force des liens faibles, de la “Longue Traîne”. A savoir, la capacité de dénicher algorithmiquement la personne ou les personnes avec qui je n’interagis pas beaucoup, mais qui peuvent dans la situation précise où je me trouve, m’aider.

Les grandes plateformes numériques, qui nous donnent chacun accès à ce deuxième cercle de personnes que je connais peu voire pas du tout, ne nous engagent pas sur la voie de la vulnérabilité. La manière dont les groupes sociaux s’y forment (les amis, famille, les collègues..) ne permet pas de créer pour chacun un périmètre de sécurité numérique assez rassurant pour que l’on s’y exprime en toute vulnérabilité. Trop de risque de contrecoup, pas assez bénéfice d’opportunité.

Notre cyberespace manque qu’un espace où l’on peut se sentir en confort, en confiance et demander de l’aide. Un lieu numérique où je pourrais tenir à jour le journal de bord de mes différents projets, qu’ils soient individuels ou collectifs, productifs de biens matériels ou culturels, avec cette joie de savoir que par dessus mon épaule se penchent également celles et ceux en qui j’ai pleinement confiance qu’ils vont me faire avancer, car, constituant ensemble mon identité sociale, ils portent en eux un petit peu de qui je voudrais être dans cette société.

J’appelle tous ceux qui veulent voir émerger et contribuer à faire vivre un tel espace, à me contacter en vue d’une série d’ateliers en intelligence collective pour dessiner ensemble une image plus précise de comment on pourrait faire exister cet espace.

Le livrable serait un document écrit qui nous permettra ensuite de recruter un équipe et mobiliser des financements.

Post-it time is coming !

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Duc Ha Duong

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.