Pourquoi Facebook et LinkedIn sont irrécupérables ?

Duc Ha Duong
6 min readDec 5, 2022

5ème épisode d’une série hebdomadaire qui documente une réflexion partagée sur quel bon usage faire d’un réseau social. Il n’est pas trop tard pour rattraper les 4 premiers : Mais pourquoi montrer mes posts à des trolls et des haters ? / Comment trouver des personnes de bon conseil ? / Faut-il endiguer l’effondrement du mur pro/perso ? / Avons-nous besoin des influenceurs ?

5ème semaine ! Ca décante … Aujourd’hui sur la suggestion d’Arnaud Douezy, nous allons appeler notre projet TheHub.

L’idée derrière ce nom étant que la plateforme que nous essayons de rêver devrait être une infra-structure de télécommunication, un sous-jacent offrant aux humains l’occasion d’échanger des flux non marchands (connaissance, confiance, émotion). On pourrait en option l’enrichir de modules spécialisés en fonction des usages que chacun souhaite en faire. OK. Jusqu’ici rien ne distingue TheHub des grands réseaux existant, et on pourrait même se demander pourquoi monter un nouveau réseau plutôt que d’offrir un service qui utilise les infrastructures existantes.

C’est une question de topologie.

S’il ne s’agissait que de changer la nature des liens, cela serait sans doute envisageable. Sauf que ce n’est pas le cas. Sur TheHub, je me relie à une personne si je la respecte au point d’être prêt à écouter ses conseils, si j’ai envie de lui partager mes soucis. Or il y a beaucoup plus de gens avec qui on est prêt à partager ses bonnes nouvelles, que de gens avec qui on a envie de partager ses problèmes. Faites l’expérience de pensée :

  • Votre premier cercle Facebook inclut la famille, vos amis de lycée, camarades d’études, votre club sportif … en combien d’entre eux avez-vous assez confiance dans leur maturité et leur bienveillance envers vous dans les domaines qui vous intéressent en ce moment, pour écouter leurs conseils ? 50% peut-être ?
  • Votre premier cercle LinkedIn inclut vos collègues et anciens collègues, des recruteurs, vos camarades d’études, des clients, des fournisseurs… même question : en combien d’entre eux avez-vous assez confiance dans leur maturité et leur bienveillance envers vous dans les domaines qui vous intéressent en ce moment, pour écouter leurs conseils ? 20% peut-être ?

Il apparaît assez clairement que TheHub pose un critère bien plus sélectif, et que les liens seront moins nombreux. Il se pose même la question de savoir si un réseau si peu dense a la capacité d’atteindre la taille critique nécessaire à son développement. Ce n’était sans doute pas le cas il y a 15 ans…

Les fonctionnalités de base de TheHub sont donc :

  • L’identité : qui je suis, quelles sont mes quêtes, mes aspirations
  • Les liens entre individus : devant qui suis-je prêt à me montrer vulnérable ?
  • L’entraide : je pose tel problème, vers qui l’algorithme doit le pousser ?
  • L’ouverture : une API qui permet l’émergence de services tiers sur mesure.

Comment est-ce que cela se compare avec les plateformes existantes ?

Il y a des tonnes de réseaux alternatifs, et on pourrait écrire tout un article sur les différentes plateformes que je croise en ce moment comme Whaller, Qwice, Socrate, Altruwe, Mighty Networks, Askforthemoon, Mastodon, Hubl … Sauf que ça n’aide pas beaucoup de les comparer à TheHub si vous ne les connaissez pas encore. Je vous propose donc de positionner TheHub en limitant la comparaison avec les deux principaux.

La posture

Facebook : Ma vie perso
LinkedIn : Ma vie pro
TheHub : Je n’ai qu’une vie

On en a parlé dans les épisodes précédents, en mixant mes objectifs perso et pro, je peux accéder à l’entraide de mes amis dans mon travail, et de mes collègues dans mes projets associatifs.

Les connections

Facebook : je me relie aux personnes que je connais
LinkedIn : je me relie aux personnes qui peuvent me rapporter de l’argent
TheHub : je me relie aux personnes dont j’écoute les conseils

A l’image de Path, et des Twitter Circle, TheHub tente l’aventure d’un réseau avec moins de liens de meilleure qualité. Et comme vu plus haut, un critère de connection différent qui devrait amener à une morphologie différentes.

La conversation

Facebook : je parle à mon premier cercle
LinkedIn : je parle à mon second cercle
TheHub : je parle à ma tribu (ceux qui partagent mes causes)

Le mot “ami Facebook” a eu beau prendre un sens spécifique bien différent du mot “ami” tout court, il n’en reste pas moins que le tutoiement y prédomine et que la parole y est plus libre que sur LinkedIn.

Le rôle de l’IA

Facebook : Trouver ceux qui vont me répondre
LinkedIn : Trouver ceux qui vont approuver mon propos
TheHub : Trouver ceux qui vont m’aider

La petite histoire raconte que Mark Zuckerberg ne voulait pas d’un modèle publicitaire jusqu’à ce que Sheryl Sandberg parvienne à le convaincre. Toujours est-il qu‘il y a un pas entre faire de la publicité et adopter un modèle opérationnel entièrement concentré sur la maximisation du revenu publicitaire. Je n’ai pas d’opposition de principe à la publicité sur TheHub. Je tiens par contre à ce que l’algorithme de recommendation de contenu ne soit pas influencé par ses besoins.

La valeur créée

Facebook : du temps de cerveau disponible (pour la publicité)
LinkedIn : une économie plus efficace (pour le business)
TheHub : mes projets avancent plus vite et mieux (pour mes causes)

Facebook est un média, LinkedIn un rouage de l’économie de marché, tirant ses revenus entreprises recruteuses qui aiment voir se fluidifier le marché de l’emploi. TheHub n’est pas là pour les entreprises, mais pour ses utilisateurs. Lesquels, n’étant pas le produit, devraient accepter de payer un abonnement mensuel qui devra être tout petit comparé au bénéfice qu’ils tirent d’être bien entouré.

La vie privée

Facebook : Je sais tout, je promets de ne rien dire.
LinkedIn : Tout est public, tout est business.
TheHub : Tout est public, tout est vivant.

En particulier sur ce dernier point, le propre de ce qui est vivant, c’est que cela évolue, puis cela disparaît. Ainsi dans TheHub, on reproduirait le phénomène d’oubli. A mesure que le temps passe, les posts se dégradent, les informations deviennent confuses, les images deviennent de plus en plus floues… jusqu’à devenir impossible à reconnaître, notamment pour celles et ceux qui n’auraient pas lu l’original. Et au bout d’un certain temps, on efface ! Pas besoin de garder un historique encombrant et inutile. Et bonne chance au pauvre robot qui viendrait tenter d’aspirer toutes les données, puisqu’à chaque tentative il recevra un contenu plausible mais différent, généré grâce à une IA…

Voilà, j’espère, si ce n’était pas encore le cas, vous avoir convaincu qu’il y a une belle opportunité de lancer un réseau alternatif, avec sa propre vision, sa propre mission, ses propres valeurs. Positionné sur la niche des personnes qui ont des choses à faire et ne veulent pas les faire toutes seules.

Et vous, quel nom de code vous voudriez donner au projet ? Qu‘est-ce qu’il manque à votre vie numérique que vous voudriez voir se déployer ? Quelle est LA fonctionnalité qui fait que vous ne laissez pas tomber ce réseau malgré tout ce que vous lui trouvez de pénible ? Je me mets à votre disposition pour en parler, en commentaire, en visio, ou autour d’un café, pour nourrir la réflexion, à la semaine prochaine !

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Duc Ha Duong

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.