Mais si je l’écris, ça va se savoir !

Duc Ha Duong
4 min readJan 18, 2023

Concilier ouverture de données et maintien d’un sentiment de sécurité.

9ème épisode d’une série hebdomadaire qui documente une réflexion partagée sur la réappropriation de notre identité sociale pour la mettre au service de nos projets. Il n’est pas trop tard pour rattraper les 8 premiers : Mais pourquoi montrer mes posts à des trolls et des haters ? / Comment trouver des personnes de bon conseil ? / Faut-il endiguer l’effondrement du mur pro/perso ? / Avons-nous besoin des influenceurs ? / Pourquoi Facebook et LinkedIn sont irrécupérables ? / La complainte du connecteur / Une plateforme pour être soi / Quel est ce tiers-espace où vivent les tiers-lieux ?

“Le linge sale se lave en famille”, nous apprend-on dès notre plus jeune âge. Il convient de ne pas se montrer faible ou vulnérable devant des personnes étrangères, car elles risquent d’abuser de vous. Ce n’est pas sûr à 100%, mais c’est un risque qui fait très peur. D’autant plus peur que vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-même, dans la mesure où c’est vous qui vous êtes mis dans cette situation.

Dans l’autre sens, garder ses problèmes secrets est perçu comme une solution sûre à 100% de ne pas voir d’autres profiter de vous. Ce n’est pas tout à fait exact puisqu’un secret risque toujours d’être révélé tôt ou tard, surtout quand il est confié sur une plateforme qui jure ses grands dieux qu’elle ne dira rien mais qui nous fait signer des conditions générales en petits, tout petits caractères, qui changent régulièrement. Passons.

En quelques années, il faut reconnaître que nous avons fait des progrès dans le milieu entrepreneurial. L’idée de ne pas garder son idée de startup ultra secrète a fait pas mal de chemin par exemple, notamment parce que beaucoup réalisent que le prix à payer, lui, est bien certain : à se restreindre on se prive de l’opportunité de toutes les personnes bienveillantes hors de votre premier cercle, et le bruit court qu’elles ne seraient pas si rares que cela. Pour chaque besoin, le défi est d’identifier, parmi les disons 10 000 personnes de votre second cercle, les quelques-unes qui 1. Ont les compétences, le savoir ou le réseau pour vous aider 2. Ont la disponibilité et l’envie de le faire.

Une citation de Steve, ça pose.

Ce type de sécurité évoque ce que les professionnels appellent la “sécurité par l’obscurité”, le plus souvent pour nous dire juste après que c’est la moins bonne idée qu’on puisse avoir 😋 !

Mais comment faire autrement ? Que tout le monde soit gentil et bienveillant ? Quand bien même on parviendrait à tous devenir des bisounours, n’oublions pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions… Et puis c’est une solution vraiment maximaliste, on n’a pas besoin d’autant. Au fond, j’ai juste besoin que mon journal de bord soit partagé avec les quelques bonnes personnes. Il faut remplacer la paroi rigide et étanche de ma liste explicite et finie de destinataires, par un algorithme qui crée de la bonne perméabilité pour pouvoir aller profiter de la “Longue Traîne” de mon entourage social.

Charge à cet algorithme de trouver les bonnes personnes.

Ne serait-il pas beau d’avoir sur Internet un espace numérique où je pourrais décrire mes projets, tenir mon journal de bord, partager mes problèmes voire demander de l’aide, avec la pleine confiance que les personnes qui vont se pencher dessus seront prêtes à m’aider ? Car une aide, ça se demande, et il faut donc des espaces de sécurité, de confiance pour pouvoir le faire.

C’est une question d’algorithme. Est-ce vraiment difficile ? Essayons d’imaginer quelque chose :

  1. Mon journal est partagé avec mon premier cercle, que j’ai explicitement choisi sur ce critère de confiance. Je me connecte uniquement avec des personnes dont je suis prêt à écouter les conseils. Oui, il va falloir être plus exigeant que sur Facebook ou Linkedin dans le choix de ces personnes 😁.
  2. Parmi mon second cercle, on recherche des personnes qui ont de l’appétence pour les mot-clefs de mon dernier post. Des personnes qui partagent les mêmes causes, qui ont les mêmes badges.
  3. Avec un outil comme Summly ou ChatGPT, mon article est automatiquement résumé et traduit dans la langue de ces personnes destinataires pour leur être présenté. Si l’information est un peu vague, et pas parfaitement fiable, le contexte quant à lui reste suffisamment compréhensible. On pourrait même remplacer mon nom d’auteur par quelque chose de moins précis “Un ami de votre amie Isabelle rencontre tel problème en ce moment”.
  4. Quand une personne du second cercle souhaite commenter ou formuler une proposition, celle-ci ne part pas directement sous le post original. Elle est d’abord soumise à une ou quelques personnes du premier cercle, comme Isabelle dans l’exemple précédent, pour leur laisser une option de laisser filer, ou bloquer la contribution, en fonction de si elle lui semble constructive.

Avec quelques outils un peu malin pour traiter tout ça en volume, ça vous paraît impossible ? Moi je dis, ça se tente … Qui veut jouer avec moi ?

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Duc Ha Duong

Entrepreneur, father, barbarian, dreamer, prospectivist, teal evangelist, optimistic, french-vietnamese, parisian, feminist, caretaker. Blind to legal fictions.