Un an plus tard, nous n’oublions pas ! #PourUlysse
Il y a un an, disparaissait tragiquement Ulysse Ha Duong. Encouragés par de nombreux citoyens, signataires d’une pétition #PourUlysse sur Change.org, sa famille et ses proches ont mobilisé des élus pour donner un cadre aux stages de survie. Une proposition de loi vient d’être déposée. Retour sur cette mobilisation.
Depuis la tragique disparition d’Ulysse Tâm Ha Duong, le 11 août 2020, suite à l’ingestion d’une plante toxique mortelle lors d’un stage de “survie”, nous sommes des milliers à partager la conviction que ce drame est bien plus qu’une erreur humaine isolée. C’est le reflet de l’inadaptation de notre société à un phénomène émergent pour lequel elle n’est pas préparée.
Une mobilisation citoyenne
Retrouver la nature et ses règles, se retrouver soi comme partie intégrante de son écosystème n’est pas sans risque et ne se fait pas inconsidérément quand on a grandi à l’ère du bitume et de l’automobile.
Alors que nous prenons massivement conscience de notre déconnexion au vivant, et que nombre d’entre nous initient des démarches pour s’y relier à nouveau, nous avons découvert avec effroi l’ampleur du vide juridique et systémique qui permet la multiplication des victimes. Il n’existe ainsi pas de formation des encadrants ni de labellisation des stages… Si la demande en accompagnement se développe, l’offre de formation de nouveaux instructeurs reste indigente et erratique.
Après une mobilisation citoyenne qui a récolté plus de 26 000 signatures sur la plateforme Change.org, les médias se sont emparés de la question (TF1, France 2, FranceTVInfo, Konbini, Le Monde, RTL…) et confirment le besoin et l’urgence d’agir. Beaucoup d’entre vous ont aussi soutenu notre démarche pour mettre ce débat sur la place publique et affirmer à quel point il dépassait Ulysse en même temps qu’il lui était irrémédiablement lié.
Les acteurs du secteur s’organisent
Des initiatives privées ont vu le jour, comme le cercle de réflexion sur la survivologie, un think tank dont est en train d’émerger le SOS : Syndicat des Organismes de Survivologie. Portés par des moniteurs historiques de stages de survie, le cercle et le syndicat imaginent un brevet de type protection civile dans le prolongement du brevet de premiers secours.
On peut citer également le Syndicat National des Moniteurs Vie Nature et Survie, qui milite pour rester à périmètre juridique et réglementaire constant (AMM et BPJEPS essentiellement), sans nouveau diplôme, à part pour faire reconnaître les acquis des militaires.
Nous saluons ces initiatives privées : elles peuvent apporter énormément à une régulation saine de cette activité pour la sécurité de tous. Mais elles ne sauraient se substituer complètement à l’Etat qui doit tenir son rôle, en commençant par organiser la concertation du secteur et soutenir la recherche.
Grâce à notre mobilisation, amplifiée de celle des citoyens touchés par l’histoire d’Ulysse, nous avons reçu l’attention et le soutien d’élus de tous bords, démontrant le caractère apartisan de cette urgence. Joël Labbé, Yannick Vaugrenard, Sylvain Maillard, Aurélien Taché, Stéphanie Do, Guillaume Garot etc : nous les remercions tous et toutes chaleureusement.
La pétition a été remise à notre Premier Ministre, Jean Castex, et le gouvernement a été interpellé à de multiples reprises, notamment via une question orale du sénateur Yannick Vaugrenard, déposée le 14 janvier 2021. La réponse du 10 Mars 2021 de Mme la Ministre Sarah El Haïry rend compte d’un travail qui serait en cours au sein des ministères, reconnaissant le besoin de structurer le survivalisme, en commençant par en produire une définition précise.
Une proposition de loi
Deux mois plus tard, un groupe de huit députés a soumis une proposition de loi relative à “l’encadrement du survivalisme et à la lutte contre les dérives et menaces associées”.
Elle peut se résumer en 3 demandes : un état des lieux du survivalisme, des propositions relatives à l’encadrement de l’activité, et enfin une obligation de déclaration des activités à la préfecture, afin notamment de ne pas faire perdre de précieuses minutes aux secours d’urgence.
Ces dispositions nous semblent bien aller dans le sens d’un accès plus sécurisé à la nature pour tous, que nous appelons de nos vœux.
L’exposé des motifs nous a cependant été bien difficile à lire… Nous avons été fort mal à l’aise d’y découvrir notre jeune et bienveillant Ulysse aux côtés de personnages bien plus lugubres et porteurs d’idéologies radicales (notamment d’extrême-droite), et incrédules face à un titre évoquant des menaces qu’il aurait pu représenter pour la société…
Cette proposition fait aussi écho au rapport de la Miviludes, la Mission Inter-ministérielle de lutte contre les dérives sectaires, qui soulignait en février dernier les dérives des “adeptes du survivalisme” en mentionnant, à notre surprise et incompréhension, le cas d’Ulysse, amalgamé aux menaces “crudivoristes” ou “effondristes” en tous genres…
Dans l’esprit de la loi, nous attendons un rapport attentif aux risques encourus par les pratiquants, plus que sur la menace que peuvent représenter certains survivalistes pour la société. C’est pourquoi nous proposons d’amender le texte ainsi : remplacer “menaces associées” par “risques encourus par les pratiquants” à l’Article 1 et au dernier paragraphe des Motifs.
Nous voulons éviter de nouveaux drames à nos concitoyens en désir de reconnexion à la nature, tout autant que nous tenons à respecter la mémoire d’Ulysse. Notre vigilance est citoyenne et durable, bien au-delà des débats et échéances politiciens. Ulysse était né pour protéger… Nous espérons que son tragique destin contribuera à protéger nos concitoyens qui, en quête d’harmonie avec la nature, suivent sa trace.
Minh, Duc, Flora et tous les Survivants d’Ulysse